Grosse rage de dent (Premier épisode à Schönbrunn)

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Le week-end dernier, ma Maman et ma Tata, de passage à Vienne, souhaitèrent visiter le château de Schönbrunn. Je me rendis compte que cela faisait presque deux ans que je n’y avais pas mis les pieds et n’étais ainsi pas mécontente de me fondre de nouveau parmi les hordes de touristes. En raison de l’évolution que prend l’épidémie de coronavirus par ici, on ne pouvait parler de hordes de touristes. Dix minutes après avoir franchi le portail d’entrée du château, nous étions parées de nos audioguides et commencions la visite. Très agréable. Pour une fois je n’ai bousculé personne, et j’ai surtout pu tout voir. Des petits objets de décoration aux motifs du parquet !

C’est ainsi que dans le grand hall d’entrée au rez-de-chaussée du château, derrière son escalier monumental, une sculpture de bronze attira mon attention. Un homme écarte les mâchoires d’un lion avec ses mains. A-t-il perdu quelque chose que le lion aurait tenté d’avaler ? Le lion a-t-il demandé de l’aide car une de ses dents lui fait mal ? Je retenais l’option médicale. De l’autre côté de l’entrée, le même homme menace de sa massue une autre bête qui a elle aussi la gueule grande ouverte. Il tente certainement de l’assommer pour une opération de chirurgie dentaire me dis-je, toujours marquée par cette supposée rage de dent. Cet homme qui semble si fort et n’avoir peur de rien est cependant Hercule, le héros de la mythologie grecque et romaine, en personne (enfin en bronze) !

Le premier groupe sculpté correspond au premier des travaux d’Hercule. Il devait rapporter la dépouille du lion de Némée. Un lion qui faisait régner la terreur dans la région de Némée et qui avait une peau impénétrable. Hercule dut ainsi l’étouffer, et bien sûr il réussit ! On le voit ainsi là en plein combat avec la bête, dont il se fera ensuite un manteau de la peau. On était donc loin du mal de dent.

Hercule arbore d’ailleurs ce manteau dans le second groupe qui montre le onzième de ses travaux. Il devait rapporter les pommes d’or du jardin des Hespérides, gardées par un dragon, Ladon. Pour cela il lui fut conseillé de demander de l’aide à Atlas, qui quant à lui avait la tâche de porter la voûte céleste sur ses épaules. Hercule, à la force illimitée, lui propose de la porter le temps que ce dernier aille chercher les pommes. Atlas se sentant libéré de son fardeau, ne comptait point le reprendre après sa cueillette dorée. Hercule l’ayant compris, il fit usage de sa ruse et lui demanda de retenir la voûte céleste le temps qu’il récupère un coussin pour ses épaules. Une fois la voûte redonnée, notre héros partit avec ses pommes d’or ! La scène que l’on voit à Schönbrunn avec Hercule menaçant le dragon Ladon de sa massue n’eut donc pas lieu (enfin dans la mythologie grecque et romaine). Elle est le fruit de réécritures plus tardives de ce mythe.

Enfin bon, le point le plus important reste que le lion et le dragon cherchent à nous montrer la profondeur de leurs gorges ! Celles-ci sont bien profondes et creuses. Les sculptures étaient reliées par leur socle à une source de chaleur qui leur faisaient recracher de l’air chaud dans les salles où elles étaient installées ! Et ces luxueuses bouches d’air chaud ne sont pas d’hier. Elles furent réalisées entre 1714 et 1724 par Ubald Torri d’après des dessins de Giovanni Giuliani pour le prince Eugène de Savoie, pour son palais d’hiver (8 Himmelpfortgasse, 1010 Vienne). A la mort du Savoyard le plus célèbre d’Autriche en 1736, sa nièce et unique héritière, Marie-Anne-Victoire, vendit presque tout ce qu’elle hérita, et Marie-Thérèse d’Autriche, acheta presque tout ce qu’elle vendit. C’est ainsi que ces deux magnifiques bouches d’air chaud en bronze se retrouvèrent dans le tout nouveau château de Schönbrunn d’alors.

Une découverte que je suis contente de partager avec vous, et qui me fait dire qu’il faut que je pense à aller chez mon dentiste pour ma visite annuelle 😉

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