Balade sur la Thaliastraße

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Avec le déconfinement qui s’orchestre en Autriche, je vous propose de partir en promenade. Pas n’importe où bien sûr ! Tout simplement au pied de chez moi, dans ma rue, la Thaliastraße, un des axes principaux d’Ottakring (16ème et meilleur arrondissement de Vienne). En effet, il s’agit de l’un des rares endroits où je suis allée marcher un peu pendant le confinement. Je pensais bien la connaître. C’est quand même MA rue, mais je me suis rendu compte que je pouvais en apprendre beaucoup plus sur elle. C’est ainsi que ces dernières semaines, j’ai scruté son macadam, ses façades, et tout ce qu’elle avait à nous montrer. Pourquoi ? Pour me changer les idées ! Et je l’espère vous les changer à vous aussi !

La Thaliastraße part du Gürtel, au niveau de la station de tram et de métro qui porte son nom, et remonte (enfin la pente est faible) jusqu’à un petit croisement de routes qui mènent à la forêt viennoise. On passe donc des embouteillages du Gürtel aux arbres de son petit parc, du bruit des klaxons au chant des oiseaux, et du gros centre de la ville de Vienne à sa périphérie. Et tout cela en seulement 2,7 kilomètres.

Sur le bord sud de la Thaliastraße s’ouvrent régulièrement quatre places. Elles se ressemblent toutes. Des arbres, des jeux pour les enfants, des poubelles pour le tri sélectif, des toilettes publiques, de très nombreuses places assises et presque à chaque fois une cabine téléphonique, un parking souterrain et un distributeur d’argent liquide. A Ottakring, la place est pratique et sympathique. Plus on monte plus les places se font vertes et aérées. La première place en venant du centre, la Hofferplatz, possède quand même un attrait majeur, une pataugeoire pour les enfants l’été. Elle fut baptisée ainsi en hommage à Kaspar Hoffer, conseiller municipal au XIXème siècle, et architecte. Il construisit de très nombreux immeubles qui firent s’urbaniser Ottakring. La deuxième place, celle de la mairie s’appelle quant à elle la Richard-Wagner-Platz. Richard Wagner a en effet joué son premier concert à Vienne à Ottakring. Plus précisément dans le Thaliatheater, théâtre qui se trouvait à l’emplacement du numéro 1 de la rue. C’est d’ailleurs ce théâtre, démoli en 1870, qui donna son nom à la rue. La troisième, la Schuhmeierplatz, a un aspect rétro donné par la grande salle plantée en son cœur, la Albert-Sever-Saal, baptisée ainsi en hommage à l’un des anciens dirigeants des socio-démocrates d’Ottakring, et président de la région de la Basse-Autriche après la Première Guerre mondiale, jusqu’à ce que la ville de Vienne en sorte en 1920. Cette place est elle aussi un hommage à une figure de la social-démocratie de l’arrondissement, Franz Schmeier, leader du mouvement ouvrier, assassiné en 1913. La dernière place est ma préférée, c’est la Stillfriedplatz (référence à une bataille remportée par l’Autriche au XIIIème siècle). Outre une abondance d’arbres, elle a de jolis pavés, une petite maison en briques et derrière elle de très jolies façades d’immeuble. Enfin, la Thaliastraße termine sa route sur un petit parc lui aussi très mignon, le Karl-Kantner-Park, baptisé ainsi en hommage à celui qui présida l’organisation des pompiers volontaires de Vienne de 1850 à 1925 ! Donc pas un homme politique cette fois-ci, mais un surhomme (blague locale).

Vous aurez en effet remarqué l’importance du choix de figures de la social-démocratie pour baptiser les places de l’arrondissement. Il en va naturellement de même pour de très nombreuses rues, mais aussi pour tous les immeubles de logements sociaux de la Thaliastraße, avenue manifeste de la politique menée dans cet arrondissement rouge (politiquement) depuis toujours. Et l’on ne trouve pas seulement le nom d’illustres politiciens disparus. Figurez-vous que notre maire d’arrondissement, Franz Prokop signe des messages en grand sur la Thaliastraße. Une forme de propagande politique assez mignonne, mais qui reflète bien l’histoire de l’arrondissement.

Parmi les plaques et les monuments commémoratifs, il y ce petit carré planté d’arbustes au croisement de la Huttengasse, qui commémore les victimes du sida.

La Thaliastraße est quand même surtout un axe de commerce important. Sur ses 165 adresses, je n’ai remarqué que trois immeubles dépourvus de vitrines, et j’ai compté 280 vitrines en activité ! Il y en a en effet certaines qui attendent un repreneur, et elles seront probablement de plus en plus nombreuses dans les mois à venir. On trouve surtout des produits à vendre peu onéreux. Par la manière de les présenter (nombreuses vitrines moches, voire très moches) et leur qualité parfois discutable, je vous avoue que la majeure partie de ces magasins ne m’attirent pas. Cependant je m’y rends ! Après tout, ils sont quand même au pied de ma porte et le fait de ne pas être tentée par grand-chose m’évite pour sûr de nombreuses dépenses. J’ai remarqué que je n’achetais quelque chose sur la Thaliastraße que si j’en avais vraiment besoin, mais que j’adorais me rendre sur le marché du Brunnenmarkt, plus grand marché permanent de Vienne, et qui se trouve au premier croisement à droite en venant du Gürtel.

Mais quel genre de commerces trouve-t-on sur la Thaliastraße ? Aux abords du marché, on en trouve certains que l’on ne trouve pas plus haut, comme les bijouteries spécialisées dans les mariages turcs. J’en ai compté huit. Ainsi que les magasins d’appareils auditifs, trois à deux pas du marché. Intéressant ! On trouve aussi 32 boutiques de vêtements le long de la rue, dont trois spécialisées dans les vêtements de travail, 21 coiffeurs dont 8 qui ne coupent les cheveux qu’aux hommes et aux enfants, deux enseignes qui semblent vendre des prestations sexuelles, 4 succursales Bipa, dont la première a l’équipe de vendeuses la plus sympa de la terre (n’hésitez pas à les saluer de ma part), un lycée technique dans une ancienne usine de tabac, un entrepôt d’Ottakringer (la brasserie, emblème et fierté de l’arrondissement), le bureau de l’association des Serbes en Autriche, un magasin spécialisé dans les articles pour la pêche à la mouche, l’église du quartier, un magasin de vélos avec en face sa station de nettoyage de vélos (j’avais jamais vu ça de ma vie), 5 plombiers chauffagistes, un bar à gaufres qui proposent aussi pizzas, burgers et gâteaux au cas où, une église évangélique, un distributeur de boissons et de snacks, deux boutiques pour articles de couture, et bien d’autres choses encore. Mais ce que l’on trouve surtout, ce sont de petites boutiques vendant téléphones portables et autres articles électroniques d’occasion qui semblent douteux (produits et boutique). J’en ai compté 17. Enfin sur la Thaliastrasse, on a surtout de quoi se restaurer, avec 12 restaurants et 31 vendeurs de kebabs, pizzas, burgers, schnitzel, sushis, burek… à emporter ! Une rue qui bouge donc bien le soir aussi, et notamment chez Heinrich, Beisl où j’ai l’habitude d’organiser de nombreuses activités auxquelles vous êtes bien sûr conviés. (En ce moment Heinrich a déménagé sur zoom 😉).

Ce que j’aime tant dans cette rue, c’est à quel point elle m’est pratique en ayant tout à portée, mais aussi à quel point elle me permet de m’évader en la remontant et en remontant ensuite le Galitzinberg, la colline d’Ottakring, pour atteindre la forêt viennoise. Cela peut d’ailleurs aussi se faire en bus depuis la station du U3 et du S45 Ottakring avec les lignes 45A, 46A, et 46B. Vous pouvez aussi remonter toute la Thaliastraße en tram, avec le 46, qui part du Ring. J’espère que cet article vous donnera envie de venir faire un tour par chez moi, et peut-être de scruter davantage les rues qui vous entourent.

Séries de photos

Le français sur la Thaliastraße

“C’est si bon” chez Yvonne !

Une mixité de façades (jeu de mot !)

Arrondie

Plate et triste

Souriante

Chic avec un besoin de ravalement

Chic avec un ravalement récent

Plutôt jaune

Sans vitrines et avec un étage de plus depuis peu

Forteresse stylisée

La mélange des générations

À la marquise des plus originales

A l’écriture distrayante

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