Mais qui se cache derrière le Christkind ?

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La question peut sembler triviale, mais je me la pose très souvent à l’approche des fêtes de fin d’année.

« Christkind » signifie littéralement en français « le Christ enfant ». Je pensais donc bien lors de mon premier Noël en Autriche qu’il s’agissait du petit Jésus, qui apporte lui aussi les cadeaux de Noël dans certaines familles françaises. Le Christkind autrichien, ou germanique, est cependant très fort et très organisé. Il ne se contente pas seulement d’apporter les cadeaux de Noël, mais il apporte aussi le sapin de Noël, entièrement décoré et illuminé ! Il a aussi son propre marché, le Christkindlmarkt (le marché de Noël quoi). On peut y boire quelque chose de chaud, y manger plats lourds, pâtisseries et sucreries, y faire quelques emplettes, y écouter des concerts, y faire du manège, et surtout y rencontrer le Christkind !

Le Christkind qui est… une jeune fille ! Sacrée surprise ! Il est en effet toujours joué par de jeunes filles ou de jeunes femmes à la chevelure dense, blonde et bouclée, toujours vêtue de blanc et d’or et portant une couronne. Moi quoi ! Pour l’âge il y aurait peut-être un souci, mais je compte tout de même bien passer les auditions pour être le Christkind de la ville de Vienne l’année prochaine. Qui ne tente rien n’a rien ! En attendant, la question de la sexualité du Christkind reste très intéressante. Une jeune femme serait donc plus digne de représenter le Christ enfant ? On pourrait discuter de cela pendant des heures, mais en tout cas, pour de nombreux historiens, cette pratique serait une déformation des célébrations de la sainte Lucie qui avaient lieu le 23 décembre avant la réforme du calendrier grégorien, en 1582 (ça commence à dater !). Sainte Lucie est en effet généralement représentée jeune, avec une longue chevelure claire et une couronne de bougies sur la tête. Couronne que l’on retrouve, moins éclairée, sur la tête du Christkind.

Malgré ses airs d’ange, le Christkind est parfois très difforme, voire très peu ressemblant. C’est souvent le cas sur des chocolats ou des tasses de marché de Noël. Son aspect divin devenant parfois difficile à identifier.

Devant l’hôtel de ville de Vienne (le Rathaus), c’est une autre histoire. Quelques années durant, je pensais que la ville avait décidé de suspendre des papillons dans les airs pour être originale, jusqu’à ce que j’apprenne que ces créatures lumineuses sont des représentations du Christkind !

 

On peut même se faire photographier avec ses ailes sur un podium afin d’entrer dans sa peau.

Mais pourquoi n’avons-nous pas de Christkind en France ?

Eh bien si, il y en a un, le Christkindel, en Alsace et en Moselle ! La tradition du Christkind, ou Christkindel, aurait été créée par Luther, initiateur du protestantisme au XVIème siècle pour remplacer le saint Nicolas, qui ne pouvait avoir sa place dans une Eglise où on ne célèbre pas les saints. Elle se serait ensuite diffusée dans le reste de l’Allemagne, ainsi qu’en Autriche, en Suisse alémanique, au Luxembourg, en Alsace, en Moselle, et dans certains pays d’Europe centrale comme la Slovaquie ou la Hongrie.

En tout cas, garçon ou fille, protestant ou catholique, il émerveille petits et grands, dicte des actes d’attention et d’amour, rassemble les gens, et symbolise ainsi parfaitement l’esprit de Noël.

 

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