Quand le feu est rouge…

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C’est un point qui revient fréquemment dans les portraits de lecteurs au sujet des choses qui ont changé depuis leur installation en Autriche. Oui ! Nous sommes nombreux à respecter davantage les feux rouges pour piétons.

A mon arrivée à Vienne, il est vrai que le respect des feux piétons de la part des habitants de la ville me surprenait. Il était le même qu’il s’agisse d’un grand axe de circulation que d’une petite rue à sens unique avec peu de circulation. Les gens attendaient que le feu passe au vert pour s’engager sur la chaussée. Je décidai donc de suivre cette règle afin de mieux m’intégrer dans ma nouvelle ville (idée qui me semble d’ailleurs aujourd’hui curieuse, mais bon, on ne sait pas toujours expliquer nos propres changements comportementaux). Je dois tout de même vous avouer que cela ne dura que quelques semaines. L’important à mon sens étant de bien regarder qu’aucun danger ne vienne, je me remis à traverser les rues comme j’en avais l’habitude, quelque soit la couleur du bonhomme, mais bien sûr en toute sécurité. Je remarquai aussi rapidement que d’autres piétons m’emboîtaient toujours le pas. Je commençai à sentir que je pouvais être à la tête d’un mouvement quelque peu libertaire. Enfin, cela jusqu’à ce que j’entende plusieurs fois des parents dire à leur progéniture qu’il ne fallait pas faire comme la dame (moi en l’occurrence). Ma prétendue liberté pouvait en effet causer du tort à une éducation en pleine construction. Je me mis ainsi à toujours bien observer si quelque enfant pouvait me voir traverser au rouge. En écrivant cet article, je me rends compte des stratégies que j’ai pu mettre en place pour économiser au plus deux minutes de mon temps, alors que traverser au rouge en Autriche est amendable ! Oui ! Si un agent de police nous y prend, cela nous coûtera 70 euros par personne ! Lorsque j’appris cela, je me sentis descendre de mon trône de marcheuse. En France, le piéton est toujours roi, que le feu qui lui est destiné soit au vert ou au rouge. Je pensais naturellement que cette règle était universelle, mais non, elle s’apparenterait bien à un quelconque privilège franco-français. Je pensais que cette menace sur mon porte-monnaie allait modifier mon comportement, mais non ! (Il est décidemment difficile de changer certaines habitudes). En plus de scruter le trafic et une possible présence d’enfants, je suis désormais à l’affut des voitures et des uniformes de la police autrichienne !

Ah cette obsession incessante de la vitesse ! Il y a pourtant tant de choses dont on peut profiter en attendant le passage au vert de ce bonhomme d’apparence rigide. On peut tout simplement regarder autour de soi. Ainsi, grâce à des enfants et à la police, je découvris de nombreuses choses au pied de chez moi : un space invider, un magasin de literie bien pratique, une plaque en hommage à Richard Wagner dont le premier opéra joué à Vienne le fut en face de chez moi, une promotion sur de bons petits gâteaux, un toit revêtu d’ardoises au coin de la rue, le fait que chaque trottoir a son vendeur de saucisses et son vendeur de kebab, mais que les concurrents directs ne sont pas en vis-à-vis, qu’un arrêt de bus de nuit se trouvait à deux pas de chez moi, que je pouvais toujours jeter un œil à une colline voisine de la forêt viennoise, que je croisais souvent les mêmes têtes… Finalement ces quelques secondes ou minutes valent le coup d’être vécues et permettent de se changer les idées.

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