Des briques partout

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Il y a quelques années, une amie me dit avec beaucoup d’assurance : « De toute façon, Vienne, c’est que de la brique ! ». J’étais profondément interloquée. J’avais l’impression que l’on venait de me révéler la vérité d’un mensonge d’Etat. Eh oui ! Vienne, c’est beaucoup de brique. Comme probablement certains d’entre vous, je me plaisais à observer les belles façades de monuments et d’immeubles dans le centre-ville, sans penser vraiment aux matériaux qui avaient pu être utilisés pour les édifier. Je m’attardais sur la forme, mais point sur la consistance. Ces façades, qui montrent des formes de pierres de taille, ne sont faites que de briques et d’enduits ! Cette constatation fut pour moi une révélation.

Je commençai à regarder toutes les façades d’un autre œil et remarquai parfois à quelques endroits les briques qui apparaissaient, quand un morceau d’enduit de façade était tombé. Je vous dis « parfois », mais rapidement c’est devenu « tout le temps », et j’ai même souvent l’impression de regarder des bâtiments seulement pour voir leurs briques.

Dès que je tombe sur un chantier de rénovation d’immeuble, je m’approche et je scrute ces murs de briques.

Loin de moi l’idée de vouloir vous faire sombrer vous aussi dans ce quotidien ! Je souhaite seulement vous faire remarquer que nous sommes entourés de briques et vous entretenir un peu sur le sujet.

L’histoire de la brique à Vienne à partir du XIXème siècle reflète celle de l’Empire. La révolution industrielle qui eut lieu à Vienne nécessitait la construction d’usines, d’ateliers et de logements. Pour cela, les briqueteries se retrouvèrent en fulgurante expansion. Enfin surtout celle fondée par Alois Miesbach sur le Wienerberg (10ème arrondissement). Son neveu, Heinrich Drasche, en fit un empire. Il eut le monopole de la brique, surtout lors de la construction du Ring. On le surnomma le Ziegelbaron (le baron de la brique), et on racontait qu’il était même plus riche que l’empereur. Drasche venait de Brno, en Moravie (République tchèque), alors province de l’empire, et c’était le cas aussi de la majorité de ses ouvriers, qui venaient de Bohème et de Moravie. On surnomma même ces derniers les Ziegelböhm (les Bohémiens de la brique). En 1870, ils étaient 400 000 pour 1,6 million d’habitants dans la capitale de l’empire. Leurs conditions de travail et de vie étaient très difficiles. C’est d’ailleurs en les soignant et en les observant, que le médecin et journaliste Victor Adler nourrit sa pensée politique et fonda le parti social-démocrate autrichien.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Les briques font désormais partie des matériaux de construction assez onéreux et l’esthétique des vastes bâtiments en briques de l’aire industrielle est souvent très appréciée. Pour ce qui est des anciennes briques, elles se collectionnent ! On collectionne leurs différentes marques (ou sceaux) et on les met en valeur. Ainsi, si vous êtes déjà venus à l’une de mes soirées chez Heinrich, vous avez peut-être remarqué que l’un de ses escaliers est recouvert d’anciennes briques qui arrêtent certains clients qui tentent de les déchiffrer. Pour ce qui est de l’hériter de l’empire de Drasche, ce n’est autre que la société autrichienne Wienerberger AG, plus grand producteur de briques au monde !

Vous ne regarderez plus les briques de la même manière 😉

Parfois aussi mises en valeur !

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