Le Danube à vélo, Passau – Linz sur un week-end

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La véloroute du Danube entre Passau et Linz offre une très belle sortie à vélo. Je vous présente là l’itinéraire rive droite, que j’ai suivi en septembre dernier. Il est extrêmement bien aménagé pour les cyclistes et offre un spectacle naturel sensationnel avec la boucle de Schlögen. Sur cet itinéraire, le Danube passe par une vallée étroite bordée de falaises qui forment des murailles verdoyantes naturelles. On découvre le long du fleuve quelques grands ensembles de ruines de l’époque romaine, qui rappellent que le Danube servait alors de frontière à l’empire romain, le fameux Limes. Et sur les hauteurs, on perçoit nombre de forteresses en ruine, rappelant l’importance qu’il revêtait autrefois en tant que voie de communication. Deux grandes abbayes cisterciennes ponctuent également le voyage, un passage obligatoire pour moi qui ait grandi sur les terres des premiers cisterciens. 😉 Voilà pour les points forts de l’itinéraire, vous trouvez ci-dessous plus en détail tout ce que j’ai découvert et visité lors de ces deux jours à vélo.

100 kilomètres séparent Passau et Linz à vélo en suivant le cours du Danube. Certains le feront aisément en une journée, mais quand on veut tout visiter sur le chemin comme moi, c’est difficilement possible. J’ai donc fait le voyage sur deux jours, partant le vendredi soir pour Passau afin de partir tôt et bien reposée le samedi matin et rentrant à Vienne le dimanche après-midi. Notez que je ne me suis pas attardée dans les villes de Passau et Linz, qui valent bien une journée de visite chacune.

L’itinéraire cyclable comprend peu de dénivelé. Il s’effectue principalement en pente légèrement descendante et il est fléché tout le long (Donauradweg – EuroVelo 6). Les voies sont toujours assez larges pour rouler avec une remorque et elles sont toutes goudronnées, à l’exception de quelques chemins et de quelques rues pavées dans Passau. On emprunte beaucoup d’anciens chemins de halage (Treppelwege). Sauf quelques rares exceptions dans des villages, où l’on passe par de petites rues tranquilles, l’itinéraire n’emprunte que des voies cyclables et bitumées. On se sent donc bien en sécurité et on peut y aller avec enfants et remorques. On trouve dans presque toutes les communes traversées des toilettes publiques, des points d’eau, des bancs et des tables pour pique-niquer et aussi régulièrement des stations pour recharger la batterie de vélos à assistance électrique et des colonnes avec des outils pour faire des réparations sur le vélo. Il y a sur cette section plusieurs longs passages le long de bois où on est à l’ombre.

Premier jour : Passau – Inzell (47 km)

PASSAU : À Passau, si vous logez aussi dans le centre, faites un détour par le confluent de l’Inn, du Danube et de l’Ilz. On ne peut y approcher qu’à pied, mais on peut avoir son vélo à côté de soi ou le laisser quelque part. Ici mon guide pour découvrir Passau. En partant du centre de Passau pour rejoindre la rive droite du Danube, on traverse l’Inn et on bénéficie d’un très beau point de vue sur la ville.

Très vite on arrive à la frontière avec l’Autriche.

Depuis la rive, on voit ensuite la petite ville d’Obernzell dont le charme donne déjà envie de refaire Passau – Linz à vélo, mais en empruntant cette fois-ci la rive gauche. Si vous souhaitez vous y rendre, il y a un bac à Kasten qui vous y mène.

On découvre un Danube verdoyant avec les forêts vallonnées qui lui servent de cadre.

L’impressionant barrage de Jochenstein coupe un peu plus loin le fleuve et permet si on le souhaite de passer rive gauche.

ENGELHARTSZELL (27e km) : À l’entrée du bourg, on trouve le Schütz Art Museum. Il s’agit d’un musée dédié à l’art moderne et contemporain assez original. En plus de présenter des expositions temporaires thématiques, le musée fait également office de galerie d’art. On peut donc voir et acheter des œuvres d’artistes renommés, principalement autrichiens, comme des gravures d’Arik Brauer ou de Hundertwasser. Le lieu abrite également des ateliers ouverts qui accueillent de jeunes artistes pour quelques mois. On peut ainsi les voir travailler et échanger avec eux.

Engelhartszell possède aussi un centre d’informations sur la sur la réserve naturelle Natura 2000 de la vallée de l’ASchach et du Haut-Danube. Il était malheureusement fermé quand j’y suis passée. Depuis Engelhartszell, on peut emprunter un bac pour rejoindre la rive gauche du Danube.

ABBAYE D’ENGELSZELL : Juste après Engelhartszell se trouve l’abbaye d’Engelszell. Abbaye cistercienne depuis la fin du XIIIe siècle, elle abrite depuis 1925 le seul monastère trappiste d’Autriche. On peut donc y trouver de la bière, en plus de ses célèbres liqueurs. De l’abbaye, on ne visite que l’église baroque, qui vaut le détour, notamment pour la fresque moderne de sa voûte principale. On peut également accéder au cloître, où des panneaux présentent l’histoire des lieux (en allemand). Le parc de l’abbaye comprend une belle aire abritée où l’on peut pique-niquer et une exposition en plein air représentant le Danube en miniature. Je l’ai trouvé très intéressante, notamment son aquarium qui abritent les espèces de poisson vivant dans le Danube et son exposition baptisée « Les aliens arrivent ». Elle présente les espèces animales et végétales qui ont envahi la région du Danube lors des derniers siècles, comme certaines truites ou certaines moules.

OBERRANA (32e km) : On peut découvrir au bord du Danube les ruines d’un ancien fort romain qui servait à protéger la frontière, le Römerburgus. Il abritait sous un hangar et l’entrée est gratuite, halte obligatoire !

WESENUFER : À l’entrée de Wesenufer, prenez la petite route qui grimpe sur votre droite pour rejoindre le parc des sculptures (Skulpturenpark). Annemarie et Günther Fahrner expose leurs impressionnantes créations métalliques dans une prairie en accès libre. Il s’agit de figures mythologiques réalisées avec chaînes, tôles, tubes et autres éléments métalliques récupérés sur les rivages du Danube, sensationnel !

SCHLÖGEN (43e km) : À l’entrée de Schlögen, on retrouve un hangar abritant des découvertes de l’époque romaine, cette fois-ci des thermes, qui valent eux-aussi une petite halte. Schlögen, c’est vraiment le point d’orgue de cet itinéraire et l’un des plus beaux endroits du Danube. Le Danube échoue ici face à un bloc de granit qui lui fait prendre un virage à 180° et forme ainsi une vraie merveille, la boucle du Danube (Schlögener Schlinge). Pour en profiter, il faut prendre un peu de hauteur. Laissez les vélos et suivez les panneaux de randonnée indiquant « Schlögener Blick 30 min. » situés en face du grand hôtel. Il faut en effet près d’une demi-heure pour arriver au point de vue. Ça grimpe, mais la vue est époustouflante. Si jamais vous trouviez l’ascension trop difficile, lancez vous quand même, une petite clairière à mi-parcours offre déjà un bel aperçu sur cette merveille de la nature. Pour l’aller-retour, compter ¾ d’heure à une heure de marche pour les quelques 3 kilomètres à parcourir. À Schlögen, on peut prendre un bac pour l’autre rive, mais sachez que c’est un cul-de-sac, sauf si vous souhaitez rentrer à Passau par la rive gauche et faire ainsi une belle boucle à vélo.

La vallée devient devient bien plus étroite et se trouve étranglée par des falaises qui forment des remparts boisés magnifiques. Les kilomètres dans cette partie du Danube étaient pour moi les plus beaux de l’itinéraire.

INZELL (47e km) : C’est là que j’ai dormi, et je vous recommande vivement de faire de même. C’est bien moins cher qu’à Schlögen, et c’est beaucoup plus vert et paisible. Le hameau comprend quelques auberges où l’on peut dormir (Gasthof) et un camping-auberge

Deuxième jour : Inzell – Linz (53 ou 62 km)

Sur près de 20 kilomètres, on continue à rouler dans cette vallée étroite et verdoyante qui semble magique, surtout avec la brume matinale. On ne traverse pas de village sur plusieurs kilomètres. Avant le premier bourg, on peut toutefois emprunté un bac pour l’autre rive à deux reprises, au 5e kilomètre au lieu-dit Kobling pour se rendre à Obermühl, et au 17e kilomètre au lieu-dit Kaiserau pour se rendre à Untermühl.

BARRAGE D’ASCHACH (19e km) : Le Danube commençait à s’élargir et on arrive à un barrage. Les collines s’abaissent et le Danube devient bien plus large, perdant beaucoup de son charme. La route devint rapidement assez monotone. Je vous propose donc ensuite un petit détour par la campagne.

ASCHACH AN DER DONAU : À l’entrée d’Aschach, on trouve un petit musée sur la pêche et le calfatage, l’art de rendre les bateau en bois étanche avec des mousses végétales (Schopper- und Fischermuseum). Devant le musée, on peut aussi voir la reproduction grandeur nature d’un « Zehnertrauner », un modèle de bateau qui était autrefois très répandu sur le Danube et qui était surtout construit ici. La construction navale était en effet une activité économique importante à Aschach.

Plus loin, dans le centre-ville, on voit de très jolies façades de maison colorées et sculptées. Un pont permet également de passer rive gauche.

Trois kilomètres plus loin, à Brandstatt, je vous propose de quitter un moment les rives devenues monotones du Danube pour faire un détour par Eferding et par les champs. Il suffit de suivre la panneaux cyclistes indiquant la R18 « Eferdinger-Landl-Weg ». Le détour fait à peine 7 kilomètres de plus que l’itinéraire du Danube à vélo. La belle église d’Eferding abrite un sarcophage ayant de très beaux reliefs du XVIIe siècle, et la place principale de la ville, Stadtplatz, possède de nombreuses bâtisses pleines de charme. On roule ensuite à travers champs, voyant ainsi de grandes fermes typiques de la région, des Vierkanthöfe, de vastes fermes de plan carré dont les bâtiments entourent une vaste cour intérieure. Et on passe à travers bois avant de retrouver les bords du Danube.

Cinq kilomètres plus loin, le barrage de Ottensheim-Wilhering marque la fin pour un moment de l’itinéraire rive droite. Il faudrait en effet ensuite emprunter une route nationale sans aménagement cycliste jusqu’à Linz. On peut donc emprunter le barrage pour rejoindre Linz depuis la rive gauche ou un bac à Wilhering pour rejoindre Ottensheim.

ABBAYE DE WILHERING : Je vous invite à faire un petit détour de 2 kilomètres pour voir cette abbaye cistercienne, toujours en activité, dont l’église en style rococo est l’une des plus remarquables d’Autriche. J’ai trouvé le musée quelque peu décevant, mais je vous invite à arpenter le cloître dont des parties du XIIIe siècle ont été mises au jour. Le parc de l’abbaye est aussi très beau.

Depuis la très jolie bourgade d’Ottensheim, on arrive très vite à Linz par la rive gauche du Danube, passant ainsi devant l’Ars Electronica et le Lentos, deux institutions culturelles très intéressantes. Pour se rendre à la gare, il n’y a qu’à traverser le centre-ville, ce qui se fait très aisément à vélo. Comme il y a moins d’endroits à visiter sur la route, je suis arrivée à Linz en tout début d’après-midi. On ne rentre ainsi pas très tard à Vienne et on peut avoir du temps pour profiter de Linz.

Informations pratiques

Comment s’y rendre avec les vélos ? Je vous recommande d’y aller en train. Il y a tous les jours plusieurs trains directs entre Vienne et Passau (2h20 de trajet), sinon avec un changement à Linz (3h de trajet environ). Les trains entre Linz et Vienne sont très fréquents (1h15 de trajet). Notez que les trains de la compagnie Westbahn prennent aussi quelques vélos à bord. Horaires des trains. Si vous prenez fréquemment le train ou l’envisagez, pensez au Klimaticket.

Si vous souhaitez vous rendre à Passau en voiture, comptez environ 3h de route. Vous pouvez faire une boucle à vélo en revenant depuis Schlögen par la rive gauche du Danube, ou inversement.

Si vous souhaitez avoir une carte détaillée sous le nez pour suivre votre parcours, avoir des informations culturelles et touristiques, et une liste d’offres d’hébergements conséquente, je vous recommande le guide de la maison d’édition pour laquelle je travaille. Il m’a été très utile pour préparer le week-end et sur place pour jauger mon avancement, éviter de sortir le téléphone et de passer à côté d’une attraction touristique.

Le Danube à VéloVerlag Esterbauer, 17,90 €, ISBN : 978-3-7111-0149-5 (disponible également en allemand, en anglais, en néerlandais et en italien)

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Toutes mes sorties vélo sont répertoriées sur ma Google Map.

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