Le rideau de l’opéra de Vienne

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Avez-vous déjà remarqué que le rideau de la scène de l’opéra national de Vienne n’était pas toujours le même ? Pour ma part, je m’en suis rendue compte assez vite depuis mon arrivée à Vienne, il y a de cela déjà 11 ans, mais je ne me suis interrogée à ce sujet qu’il y a peu. Pour ces raisons, je souhaite partager cette petite découverte avec vous.

Depuis 1998, le rideau de la scène de l’opéra revêt chaque année un nouveau motif, une œuvre réalisée par un artiste contemporain à la renommée internationale. Cette œuvre couvre une surface de 176 mètres carrés. Elle est réalisée sur une toile PVC et installée au moyen d’aimants. Le rideau est en effet un rideau coupe-feu, donc métallique. Il a d’ailleurs été baptisé du doux nom de « Eiserner Vorhang », en français « rideau de fer ». Étant une expression loin de rappeler de doux moments de l’Histoire, je préfère le qualifier simplement de rideau. Une nouvelle œuvre est ainsi installée chaque année à l’automne, accompagnée d’une présentation à la presse, et retirée en juin de l’année suivante. Je trouve cette démarche très intéressante. Elle rend vivante une salle historique dont il ne reste aucun élément d’origine en raison des bombardements qui eurent lieu à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, je trouve dommage que peu d’œuvres présentées sur cet espace d’exposition exceptionnel n’ait de rapport avec les productions artistiques de l’opéra de Vienne. Une collaboration plus étroite avec les artistes serait intéressante et rapprocherait davantage les membres de cette grande institution autrichienne et son public de ces tableaux éphémères.

Pourquoi avoir recouvert le rideau d’origine ?

Lors de la restauration et de la reconstruction d’une partie de l’opéra, l’artiste autrichien Rudolf Hermann Eisenmenger (1902-1994) fut chargé de réaliser une peinture d’envergure pour recouvrir le rideau de la scène en 1955. Nous étions peu avant la réouverture de l’opéra, symbole de l’indépendance retrouvée de l’Autriche après 10 ans d’occupation par les forces alliées. Son œuvre pour le rideau représente le thème principal de l’opéra Orphée et Eurydice de Christoph Willibald Gluck. Le sujet se prête bien au lieu, mais l’artiste a un passé qui dérange, surtout depuis « l’affaire Waldheim » (1986-1992). Rudolf Hermann Eisenmenger fit en effet parti des artistes officiellement reconnus par le régime nazi, mais surtout, il devint lui-même membre du NSDAP, le parti politique nazi, dès 1933. Ceci est bien sûr très gênant sous la IIe République, et encore plus sur l’un de ses symboles. Le rideau avec son oeuvre étant classé monument historique, il fut décidé de le recouvrir chaque année d’une œuvre différente. Il est toutefois visible une partie de l’année, entre deux œuvres contemporaines.

L’œuvre actuellement présentée sur le rideau

Cette œuvre réalisée dans des tons de gris représente un avatar baptisé China Tracy. Elle est le fruit du travail de l’artiste chinoise Cao Fei à laquelle une exposition fut consacrée en 2015 à la Sécession de Vienne. Il s’agit de la 25e œuvre à trouver place sur le rideau de l’opéra et elle y restera jusqu’en juin.

Comme chaque année, l’artiste est choisie par un jury. L’habillement du rideau de l’opéra fait partie des projets de l’institution « museum in progress ». On peut d’ailleurs voir les précédentes réalisations sur leur site Internet.

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