Lors de mes études en archéologie à Dijon, l’Autriche fut évoquée par deux fois quant à ses richesses préhistoriques : pour le site de Hallstatt, dont je vous ai déjà parlé, et pour une toute petite statue, la Vénus de Willendorf.
Cette Vénus a été réalisée il y a environ 25 000 ans et constitue l’un des objets d’art préhistorique les plus connus au monde ! C’est donc cette star des collections du muséum d’Histoire naturelle de Vienne (Naturhistorisches Museum) que je souhaite vous présenter.
La Vénus de Willendorf fut découverte en 1908 dans le petit village de Willendorf, situé le long du Danube, en plein cœur de cette magnifique région que constitue la Wachau (Willendorf in der Wachau). Il s’agit d’une petite statuette de 11 cm de haut qui fut sculptée dans de la pierre calcaire. Elle témoigne d’un travail de sculpture bien précis. Ses formes symétriques et stylisées semblent répondre à des codes esthétiques bien établis. Elle est pour sûr le fruit du travail d’un homme ou d’une femme qui avait un statut particulier dans la société. Plus qu’un corps de femme nue, ce sont surtout les caractères sexuels de la femme que l’on veut ici nous montrer. Ses seins, son ventre et ses fesses sont exagérément disproportionnés. Les contours de ses seins et de son vagin sont bien accentués. On a aussi insisté sur sa chevelure, témoignant peut-être d’une sorte de mode locale.
Pourquoi ces formes hypertrophiées ?
L’idée la plus répandue chez les archéologues est que la Vénus était un objet de culte. D’un culte de la fécondité, d’où cette représentation du corps, associée à la reproduction et à la maternité.
Un code esthétique répandu dans toute l’Europe
Ce qu’il y a d’exceptionnel chez cette Vénus, c’est qu’elle était loin d’être seule. Ces représentations féminines sculptées de petite taille se trouvèrent dans presque toute l’Europe du temps de la civilisation gravettienne (entre 25 000 et 20 000 ans av. J.-C.). On en trouva d’ailleurs plusieurs à Willendorf. Quelque fut le matériau dans lequel elles étaient sculptées, elles reprenaient cette même forme de losange, dans lequel les attributs féminins sont bien plus accentués que les autres parties du corps. Un code figuratif et esthétique qui unifia le continent et témoigne aussi de rites communs.
Pourquoi l’a-t-on appelée Vénus ?
Eh bien parce qu’on la considère comme une déesse, et surtout une déesse charnelle, alors quel meilleur nom que celui de la déesse romaine de la séduction, de l’amour et de la beauté ? En plus de cela, elle est représentée nue, comme c’est presque toujours le cas de la Vénus antique. Une façon de se rincer l’œil, certes, mais aussi de donner un caractère intemporel à cette représentation de la femme. Mais surtout, on compare toujours à quelque chose que l’on connaît. Pour ce qui est de ce qui pouvait être associé à ces Vénus de la préhistoire, on ne sait que très peu de choses.
Toujours dans l’actualité
En ces temps où l’on parle de plus en plus de body positive (appréciation du corps humain quel qu’en soit sa forme), la Vénus de Willendorf fait de nouveau régulièrement l’actualité. L’avantage avec ces créations des Hommes de la Préhistoire, c’est que l’on peut leur faire dire beaucoup de choses. Je trouve pour ma part toutes ces questions et toutes ces hypothèses passionnantes. Elles nous font nous interroger sur l’organisation de notre société et sur nos croyances.
Sachez que la Vénus de Willendorf est même devenue un prix en Autriche, le CCA-Venus-Award. Un prix récompensant la créativité dans le domaine de la communication et de la publicité. Il est d’ailleurs possible de revoir l’émission présentant les travaux nominés et récompensés l’an dernier sur le site du Creativ Club Austria (très intéressant !).
Pour aller plus loin
Je vous invite, quand nous en aurons de nouveau l’occasion, à vous rendre au museum d’Histoire naturelle de Vienne pour rencontrer cette grande star autrichienne, et aussi au MAMUZ, musée archéologique de la Basse-Autriche, qui présente les autres découvertes préhistoriques importantes faites dans la Wachau et dans toute la région.
Jeu-concours
La question : Où a lieu le défi du printemps de Ca valse à Vienne ?
Si vous pensez avoir la réponse, écrivez-moi à pomelilou(arobase)gmail(point)com. 2 entrées pour le muséum d’Histoire naturelle de Vienne sont à gagner. Elles iront à la personne tirée au sort parmi celles ayant envoyé la bonne réponse. Le tirage au sort aura lieu ce soir vers 21h sur Facebook.
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