Des Belges à Vienne : Louise, une vie de passions et de scandales

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Après Stéphanie, l’épouse du prince héritier Rodolphe (fils de Sissi et François-Joseph), je vous propose d’apprendre brièvement à connaître sa sœur aînée, Louise de Belgique !

Si les années que passèrent Stéphanie de Belgique à Vienne furent pour le moins difficiles, ou plutôt angoissantes. Enfin les mots me manquent pour décrire ce qu’elle a pu vivre et ressentir. Pour sa sœur, l’expérience viennoise ne fut pas non plus des plus agréables. Les épreuves qu’elles eurent toutes deux à endurer furent différentes, mais aucune de ces deux princesses, nées dans une des monarchies les plus enviées d’Europe à l’époque, n’est à envier.

Louise de Belgique est la fille aînée du roi des Belges, Leopold II, et de l’archiduchesse d’Autriche, Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine. Elle voit le jour à Bruxelles en 1858. A l’aube de ses 17 ans, elle est mariée à son cousin (chose habituelle à l’époque, surtout dans les maisons royales et princières), Philippe, prince de Saxe-Cobourg. Ce dernier a 16 ans de plus qu’elle et la nuit de noces s’avère pour Louise littéralement traumatisante. C’est par ce mariage que Louise arrive à Vienne, ville où vit son époux, un des hommes les plus riches de l’empire austro-hongrois. Ils résident au palais Coburg, un des plus beaux palais de la capitale impériale. Philippe entend de faire de Louise une femme emblématique de la haute société viennoise et la pousse littéralement à boire et à faire la fête. Figurez-vous que cela fonctionne extrêmement bien. Louise devient vraiment ce que l’on appellerait une party girl (une grosse fêtarde). Elle met aussi au monde deux enfants, Leopold et Dora.

Proche de Rodolphe

Par son rang, Louise est bien sûr présente à la Cour impériale. Elle devient très proche de Rodolphe, le prince héritier. Tellement proche d’ailleurs que certains soupçonnent qu’ils auraient pu avoir quelque relation charnelle. En tout cas, elle le pousse à épouser sa sœur Stéphanie, arguant notamment qu’elle lui ressemble énormément (c’était vraiment exagéré de sa part). Rodolphe finit en effet par épouser Stéphanie, mais la réputation de Louise était telle, que sa propre mère recommanda à Stéphanie de se tenir éloignée de sa sœur une fois arrivée à Vienne (ça commence bien).

Les scandales

Sa mère n’avait sûrement pas tort. Deux ans après l’arrivée de Stéphanie à Vienne, Louise entame sa première liaison extra-conjugale avec l’un des attachés militaires de son époux, et cela se sait. Quand ce dernier meurt subitement, elle s’éprend de son remplaçant. Tout cela entraîne bien évidemment de nombreuses disputes avec son époux Philippe, mais sa passion amoureuse qui défraya le plus la chronique (ou plutôt les chroniques car on parlait de toutes leurs péripéties dans tous les journaux d’Europe), ce fut sa rencontre avec le comte Geza Mattachich, un officier croate de dix ans son cadet (elle avait alors 37 ans). Leur histoire est digne d’un roman, et l’on pourrait même véritablement dire qu’en ce qui les concerne, la réalité dépassa la fiction. Elle fut pleine de rebondissements et je ne les énumèrerai pas tous. Rapidement Philippe décide bannir Geza et Louise décide ainsi de fuir avec son amant et sa fille Dora pour le sud de la France où elle mène bon train et vit à crédit. Elle pensa en effet toute sa vie hériter de la grande fortune de son père, alors un des hommes les plus riches d’Europe, mais un des passe-temps de ce dernier était de faire son possible pour déshériter ses filles. Ces dernières attaquèrent d’ailleurs l’État belge en justice pour réparation après la mort du roi leur père (enfin tout cela est une autre histoire). Après cette escapade française, Louise décide de revenir à Vienne, mais elle y embarrasse grandement son mari et son entourage. Philippe fait même venir Geza à Vienne pour régler l’affaire en duel, mais chacun d’eux rate sa cible. Louise et Geza se remettent à traverser l’Europe en se cachant et en cherchant de l’aide. En Croatie, Geza est arrêté et mis en prison. Quant à Louise, elle se voit offrir de retourner vivre avec son mari ou de passer sa vie dans l’asile des nobles et des aristocrates de Döbling, à Vienne. Elle opte pour le plus agréable, l’asile. La presse se délecte de ses déboires. Il y a ceux qui la soutiennent et ceux qui la haïssent (rien ne change). Elle part ensuite pour d’autres sanatoriums en Allemagne et lorsque Geza sort de prison, il met tout en œuvre pour la retrouver. Cela n’est pas chose aisée puisque Louise est constamment surveillée par des espions et des forces de police. Ils parviennent tout de même à se retrouver et à fuir pour la France. Là elle se fait diagnostiquer saine d’esprit et entame des démarches pour divorcer. Le divorce est prononcé en 1906. Louise et Geza se remettent donc à parcourir l’Europe, ce qui se complique avec l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Louise est d’ailleurs brièvement faite prisonnière des bolchéviques en Hongrie en tant que fille de roi. Ils s’établissent ensuite à Paris où Geza meurt en 1923. Louise ne parvient alors même pas à payer l’enterrement de son bien-aimé. Quelques mois plus tard, c’est elle qui part pour l’au-delà à l’âge de 66 ans.

On peut dire que Louise mena une sacrée vie. Je suis certaine que, comme moi, vous ne pourrez vous empêcher de penser à elle lorsque vous passerez désormais devant le palais Coburg.

La photo de Louise illustrant cet article fut prise entre 1910 et 1915.

 

Informations pratiques

Le palais Coburg se trouve dans le premier arrondissement de Vienne à l’adresse Coburgbastei 4.

Bibliographie

Louise de Belgique, tout comme sa sœur, a écrit ses mémoires :

Louise de Belgique, Autour des trônes que j’ai vus tomber, Paris, Albin Michel, 1921

La biographie qui fait référence à son sujet :

Olivier Defrance, Louise de Saxe-Coburg. Amours, argent, procès, Bruxelles, éd. Racine, 2001

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