Il y a quelques mois, en me promenant dans le Türkenschanzpark, un grand parc du 18ème arrondissement de Vienne, je tombai nez à nez avec un homme assis sur un rocher. Fumant sa pipe, il semblait attendre ma venue. Et vu son accoutrement, cela devait faire un certain temps, pour ne pas dire des siècles, qu’il m’attendait. Avec son vêtement ample, sa pipe, son chapeau, et sa moustache, je compris qu’il devait s’agir d’un Turc resté là après le siège de Vienne de 1683 perdu par l’armée ottomane. Le nom du parc étant Türkenschanz, ce qui signifie « le retranchement des Turcs », j’étais plutôt sûre de moi. Eh bien non ! En lisant la roche commémorative qui le jouxte, je découvris qu’il était cosaque ! Donc qu’il avait combattu l’armée ottomane pour libérer la ville de Vienne. Il faut dire que son pied appuyé d’une manière bien prononcée sur la roche nous montre plutôt un gagnant qu’un perdant.
Ce monument, qui agrémente joliment le parc, a une portée politique certaine. Au moment de la bataille de Vienne de 1683, les Cosaques, principalement établis dans l’actuelle partie ouest de l’Ukraine, habitaient le royaume de Pologne. Ils faisaient ainsi partie de la Sainte-Ligue, menée par le roi de Pologne, le célèbre Jan Sobieski, et venue délivrer Vienne des Ottomans, musulmans. Mais alors pourquoi ne pas montrer cette armée polonaise dans toute sa diversité ? Il suffit à mon sens de se pencher sur les noms des commanditaires de ce monument mêlant pierre et bronze, la mairie du 18ème arrondissement, et l’ambassade d’Ukraine à Vienne, pour le comprendre. L’Ukraine souhaitait probablement montrer sa participation dans l’armée chrétienne et européenne qui libéra Vienne et l’Autriche de la menace ottomane. Le monument commémoratif date en effet de 2003. La nation ukrainienne célébrait ses 12 ans, et trouva en la célébration du 320ème anniversaire de la libération de Vienne par la Sainte-Ligue une belle opportunité politique. Les faits historiques semblent bien pratiques pour construire discours et monuments.
J’allais un instant l’oublier ! Peut-être comme ce Cosaque d’ailleurs. Son cheval ! Il broute gentiment quelques mètres derrière lui. Avec sa selle, sa cruche et son fusil sur le dos, il semble prêt à repartir. Vue la patine du bronze de sa selle à son étrier, nombreux ont dû être ceux voulant le faire galoper. Je dois vous avouer que cette idée m’a également traversé l’esprit 😉
Informations pratiques
Où ? Près de l’entrée du Türkenschanzpark au croisement de la Feistmantelstraβe avec la Dänenstraβe.
Quand ? N’importe quand, mais de préférence de jour.
Comment ? On peut s’y rendre en bus. L’arrêt Dänenstraβe se trouve à côté de l’entrée du parc. Le bus 10A nous y mène en 10 minutes depuis la station Heiligenstadt (métro U4, trains urbains S40 et S45 et tram D), le bus 40A en un quart d’heure depuis Schottentor, et le bus 37A en un quart d’heure depuis la station Spittelau (métros U4 et U6, train urbain S40 et tram D).
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