Vous avez certainement remarqué que j’avais développé ces dernières années une véritable passion pour les sentiers de grandes randonnées, notamment ceux le long desquels on collectionne les tampons et au bout desquels on reçoit une petite récompense. Je me suis donc lancée dans le sentier de grande randonnée ultime, le chemin de Compostelle (Jakobsweg en allemand). Je ne pars pas des mois à pied pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle à pied depuis Vienne, mais je compte faire au moins la partie traversant la Basse-Autriche dans le cadre de sorties à la journée.
Plusieurs sentiers pour Compostelle traversent l’Autriche, je m’engage dans celui qui vient de Hongrie et qui traverse une bonne partie de l’Autriche d’est en ouest.
Dans cet article, je vous présente celle que je qualifierais de première partie, partant de Pama, village du Burgenland situé à la frontière slovaque et aussi tout près de la frontière hongroise, pour arriver à la cathédrale St-Étienne de Vienne.
Je vais commencer par vous donner quelques informations générales pour vous aider à organiser ces sorties rando et partager ensuite avec vous mes impressions et recommandations pour chacune des 5 étapes.
De Pama à Vienne, il y a près de 100 kilomètres. Ce n’est presque que du plat et les chemins sont très stables. Pour moi qui venait de découvrir la marche nordique (l’essayer c’est l’adopter), ce fut un parcours parfait pour m’y adonner. J’ai suivi les étapes telles qu’elles sont décrites dans le guide randonnée que la maison d’édition Rother lui a dédié (Jakobswege Österreich). Elles sont découpées différemment sur le site officiel des chemins de Compostelle autrichiens. Notez surtout qu’il est très aisé de redécouper ces étapes à votre guise car on ne se trouve jamais loin de la ligne de train Vienne – Wolfsthal, celle de l’aéroport.
Pour ce qui est des paysages, cette partie est assez monotone, surtout si vous la faites comme moi en hiver. Elle permet toutefois de s’aventurer dans d’autres coins et compte plusieurs belles surprises. Si je devais choisir parmi les cinq étapes, je vous dirais que ma préférée est la deuxième, vous verrez ci-dessous pourquoi.
Notez qu’il y a très peu d’ombre et que l’on est aussi très peu à l’abri du vent. Suivant la saison, soyez bien couvert, notamment à la tête.
Le balisage et les tampons
Le chemin de Compostelle n’est bien sûr balisé que dans un sens, celui pour Compostelle. On trouve de nombreux panneaux ou autocollants marquant le sentier. Il y a toutefois quelques manquements assez embêtants. Je vous invite donc à bien lire les informations pour chaque étape dans le guide de randonnée ou à suivre les tracés sur les Google Maps du site officiel ou à télécharger les tracés GPS (vérifiez toutefois qu’ils sont actuels en les comparant aux tracés du site officiel).
Le soleil et la lune ont parfois fait leur œuvre sur les autocollants.
Pour ce qui est des tampons, on les obtient dans les églises ou dans les offices de tourisme. Certaines églises ne sont pas toujours ouvertes, mais on en collecte quand même parfois plusieurs sur une même étape. Si vous le souhaitez, vous pouvez retirer un passeport officiel pour collecter les tampons auprès de l’évêché de Vienne au Mamas Cafe (Stephansplatz 6) ou le commander sur Internet. Une petite donation est attendue.
Comment s’y rendre ?
Si vous êtes en voiture, je vous recommande de vous rendre d’abord au lieu d’arrivée en fonction de l’horaire du train, qui vous mènera au point de départ. Vous serez ainsi plus flexible sur la fin. Pour ma part, j’y suis toujours allée en transports en commun et cela se fait très facilement. Le trajet prend au plus 1h15 de temps en train et 1h en voiture depuis Vienne suivant l’endroit où l’on se rend. Il y a un train direct toutes les heures entre Vienne et Wolfsthal (deux par heure entre Schwechat et Vienne). Pour se rendre à Pama, commune d’où l’on part en suivant le guide de randonnée Rother, on emprunte la ligne de train pour Bratislava. Le trajet ne prend que 50 minutes depuis Wien Hauptbahnhof. Horaires des trains. Pensez aux billets avantageux !
Etape 1 : Pama – Wolfsthal
17 km. La première étape est assez diverse. On part de Pama, commune du Burgenland à l’aspect typique du coin. Rue très large et très arborées avec des maisons collées aux façades colorées mais un peu fades et parfois couvertes de tôles. On traverse ensuite des champs avec comme compagnes de nombreuses éoliennes et en toile de fond Bratislava et une petite montagne. Au milieu des champs se trouve les restes d’un clocher d’église qui rappelle qu’un village se situait là autrefois. Celui-ci fut ravagé en 1527 par les Ottomans et jamais reconstruit. Le village suivant, celui de la montagne, se nomme Berg. Il porte bien son nom et se trouve être le village du départ du chemin de Compostelle selon le site officiel, se trouvant en Basse-Autriche. Comme on doit s’y rendre en bus, je trouve que Pama constitue vraiment un bon point de départ. À Berg, on gravit la montagne (ça grimpe, mais pas pour très longtemps). En haut, une tour d’observation nous attend. Depuis cette tour, on voit très bien la capitale slovaque toute proche, la vaste plaine pannonienne, les petites Carpates et la montagnes du sud de Vienne (Wiener Alpen). Quand on quitte la clairière de la tour, on doit ensuite passer le grillage en empruntant une échelle. On passe ensuite près d’une petite forteresse en ruine à laquelle on peut se rendre par un sentier. Celui-ci était pris dans les broussailles quand j’y suis passée. Avant la grande route, prendre le chemin sur la gauche (il manque une balise) qui nous mène à la zone industrielle de Wolfsthal. C’est à Wolfsthal que se croisent la route hongroise du chemin de Compostelle sur laquelle on se trouve et celle venant de Bratislava. Je souhaitais au départ commencer à Bratislava, mais le parcours et le même que celui du Danube à vélo et nous fait longer des voies rapides. Je pense que partir de Pama et découvrir Berg est plus intéressant.
Arrêt de bus situé le long de l’étape : Berg bei Wolfsthal Volksschule, à 9 km du point départ, avec le bus 297 qui passe une fois par heure et rejoint une ligne de train directe pour Vienne.
Etape 2 : Wolfsthal – Petronell-Carnuntum
19,5 km. À Wolfsthal, on nous dit que le départ autrichien du chemin de Compostelle se trouve ici. Ça fait beaucoup de points de départ. À vous de voir celui que vous choisissez. En sortant de Wolfsthal on marche à travers champs avec les monts de Hainburg et sa forteresse en toile de fond. On rejoint ensuite le Danube que l’on va longer un bon moment. On profite ainsi d’un superbe point de vue sur la célèbre forteresse slovaque de Devín. On pénètre ensuite dans le parc national Donau Auen et on passe au pied d’une charmante petite forteresse en ruine depuis laquelle on profite d’un superbe point de vue sur la vallée du Danube. Vient ensuite la superbe ville fortifiée de Hainburg dans laquelle on peut collecter un tampon pour le chemin de Compostelle et un autocollant pour les 17 petites villes autrichiennes à l’office de tourisme. On reprend notre chemin le long du Danube pour rejoindre Bad Deutsch Altenburg où se trouve un petit musée très intéressant dédié à l’époque romaine, dont on verra de nombreux vestiges. Au croisement des chemins juste avant d’arriver aux premières habitations de Petronell-Carnuntum suivre la direction de la véloroute du Danube (il manque une balise).
Arrêts de train situés le long de l’étape : Hainburg an der Donau et Bad Deutsch Altenburg, respectivement à 10,5 et 15 km du point de départ.
Etape 3 : Petronell-Carnuntum – Maria Ellend
19,5 km. À Petronell, une belle curiosité nous attend, une petite fontaine surmontée par une sculpture de dindon sauvage. Ce dernier rappelle que l’espèce, qui vivait dans le parc national, a été décimée en raison d’une chasse trop intensive. À Petronell, on passe aussi par une rue de caves, Kellergasse, rappelant que nous sommes dans une commune vigneronne et que l’on peut faire une pause dans un Heuriger ici ou plus loin à Haslau. On passe ensuite devant l’impressionnant château baroque de Petronell qui subit de nombreux dommages de la part des Ottomans mais fut restauré au XIXe siècle. Ne pas longer la longue enceinte du château mais prendre à gauche comme si on voulait retourner dans le village (il manque une balise). Quand on arrive à la route principale, je recommande de faire un tout petit détour en prenant à gauche puis le tout premier chemin en face pour rejoindre la rue du dessus et passer au pied de la magnifique chapelle ronde romane à la toitures faite de tuiles en bois. On revient à la route et on longe le parc archéologique de Carnuntum dont je vous recommande la visite. Plus loin, après être sortis de Petronell, on passe devant une porte monumentale datant de l’époque romaine, la Heidentor, et qui permet de bien voir les méthodes de construction romaines. Viennent les villages de Wildungsmauer et Regelsbrunn, puis on emprunte un chemin qui surplombe le Danube que l’on peut ainsi observer. L’étape se termine à Maria Ellend, où se trouve une grotte de Lourdes (ici mon article à ce sujet). Entre toutes ces curiosités, on emprunte de longues lignes droites à travers champs et parfois le long d’une route nationale un peu bruyante. Cette étape peut aisément aussi se faire à vélo.
Arrêts de train situés le long de l’étape : Wildungsmauer, Regelsbrunn et Haslau respectivement à 9,5, 11 et 17,5 km du point de départ.
Etape 4 : Maria Ellend – Schwechat
20,5 km. On pénètre de nouveau dans le parc national Donau Auen et on longe la Fischa, qui se jette tout près dans le Danube. Dans Fischamend on peut remonter la Schulgasse pour voir la tour du XIIIe siècle de la ville, qui est surmontée d’un poisson. Bel emblème pour la commune dont on pourrait traduire le nom par « le poisson arrivé au bout », la Fischa y terminant son cours. Dans la Fischagasse, emprunter le petit pont en bois qui passe sur un cours d’eau (il manque une balise). On retrouve ensuite les bords du Danube avant de longer ceux de la Schwechat, autre petit affluent du fleuve. Ces derniers sont aménagés dans un grand parc à Mannswörth. On arrive ensuite à Schwechat où l’on peut faire un détour par l’église pour récupérer un tampon. On se trouve là aussi parfois à proximité de routes bruyantes et cette étape peut également se faire à vélo.
Arrêts de train situés le long de l’étape : Mannswörth et Fischamend respectivement à 6,5 et 16,5 km du point de départ.
Etape 5 : Schwechat – Vienne
19 km. Attention, si vous vous dotez du guide de randonnée Rother, le tracé qui y est décrit pour Vienne n’est plus d’actualité, mais je l’ai fait et il est très sympa ! Il fait longer le canal du Danube dans sa partie plus verte et traverser le parc du Prater.
Pour ce qui est du chemin officiel : On longe et on suit la Schwechat pendant un long moment avant de la traverser et d’arriver dans la zone portuaire de Vienne. On ne peut pas dire qu’il s’agisse du plus beau coin de Vienne, mais au moins on peut ainsi se rendre compte de son importance et le situer. Quand on arrive à hauteur du grand pont Freundenauer Hafenbrücke, il faut l’emprunter pour traverser le canal. Le souci est qu’on ne peut plus y accéder directement depuis le chemin. Au croisement juste après le pont, prendre le chemin à gauche et continuer en face sur la route qui monte sur le pont. Depuis le pont, on domine le canal du Danube et une bonne partie du port de Vienne. Les amateurs de grues seront aux anges. Un peu plus loin, nous empruntons des escaliers pour traverser le bras principal du Danube en passant sur le barrage écluse de Freudenau. On arrive ainsi sur l’île du Danube, que l’on remonte pendant un bon moment. Après le pont routier Praterbrücke et le pont du métro Donaustadtbrücke, on emprunte le pont piéton nous faisant traverser le nouveau bras du Danube (Neue Donau). On se retrouve ensuite à longer le Alte Donau.
À la passerelle en bois Polizeisteig prendre à gauche puis à droite la Schüttaustraße (il manque une balise). On passe tout près du plus haut bâtiment de l’Autriche, la DC Tower pour ensuite emprunter le Reichsbrücke et remonter entièrement la Lassallestraße et la Praterstraße et retraverser le canal en empruntant le Marienbrücke. Là il ne reste plus qu’à remonter le Tuchlauben pour arriver à la cathédrale et aller chercher son tampon (à la boutique dans la cathédrale). Cette étape peut aisément aussi se faire à vélo. Dans Vienne, on n’emprunte presque que des voies cyclables.
Arrêts de métro situés le long de l’étape : U2 Donaustadtbrücke (à 10 km du point de départ), U1 Kaisermühlen VIC, U1 Donauinsel, U1 Vorgartenstraße, gare et station de métro Praterstern, U1 Nestroyplatz, U1/U4 Schwedenplatz.
Toutes mes sorties rando et vélo sont répertoriées sur ma Google Map.
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